Philippe P.

54 ans

22 ans après toujours là, en pleine forme

Décembre 99, malaise au boulot, perte de connaissance devant les élèves, grosse grise d’épilepsie, intransportable par les pompiers, une fois conscient, je me retrouve à l’hôpital. Le lendemain, j’étais vidé, comme si j’avais fait un marathon.   

Deux jours après, mon généraliste m’envoie passer un scanner et là on m’annonce que j’ai une tumeur au cerveau mais de ne pas m’inquiéter, il est marrant…..

Dans la foulée, mon généraliste qui panique un peu, je l’ai quitté entre temps, me prend en urgence un rendez-vous chez le professeur Dufour qui me met sous anti épileptique en attendant biopsie et opération.

Je suis opéré en février 2000, tout se déroule bien, quand je me réveille, premier réflexe, vérifier que tous mes membres bougent, ouf tout va bien de ce coté.

Avant la sortie, le professeur passe me voir et me dit malheureusement que ma tumeur est agressive, je vais devoir être suivi par le professeur Chinot, pourtant j’ai une patate d’enfer, je me sens libéré, je n’arrive pas à expliquer. (Il m'a dit "on ne vous lâche pas...")

S’en suit une année de traitement, chimio par perf, pose d’un porte Cath, les veines ne suivent plus, traitement sous Natulan (Si me trompe pas) puis pendant les vacances d’été radiothérapie, perte de cheveux, gros choc psychologique, du coup je me rase, c’est la mode à la Zidane, cette maladie m’a pris trois ans de ma vie de 31 à 33 ans, je n’ai pas voulu fêter mes 32 ans sur le lit d’hôpital.

Pendant cette période, je ne lâche rien, 50 kilomètres de vélo tous jours, natation, beaucoup de siestes, j’ai la chance car je suis seul donc je fais tout ce que je veux.

Après presqu’un an, tout s’arrête, les résultats sont bons, je reprends mon boulot d’enseignant, pas question d’être invalide, même si j’ai des séquelles qui ne se voient pas, plus de mémoire immédiate, beaucoup d’oublis, de la lenteur dans la réflexion, j’ai parfois du mal à parler, c’est gênant dans mon boulot mais je m’adapte. L’utilisation de l’ordinateur me sauve en partie.

Je décide de préparer un master, histoire de me prouver que tout cela est derrière moi, je l'ai obtenue en 2004 avec mention.

En 2001, j’ai rencontré mon épouse et nous avons fondé une famille 9 ans plus tard, une petite fille puis un garçon.

J’ai 54 ans, je vois le professeur Chinot tous les 6 mois pour un contrôle, tout va très bien. J’apprécie   d’échanger avec lui. 

J’ai l’impression que tout cela m’a glissé sur la tête (Si je peux dire ainsi), je n’ai pas vraiment pris conscience de la gravité, c’est peut-être aussi pour cela que j’ai bien ‘vécu’ cette période si difficile, peut-être une forme d’innocence ou d’inconscience. Je vois toujours la vie du bon coté même quand cela ne va pas, je suis optimisme par nature et cela l'a renforcé.  

J'espère que mon témoignage pourra aider des patients, bon courage.